La construction de chapelles de procession est autorisée en 1660 par le clergé de la Nouvelle-France. Dès lors, ces chapelles deviennent un lieu de rassemblement important pour les fidèles, surtout lors de processions qui rendent grâce à un saint et/ou à Dieu.

Les processions sont des moments importants dans la vie des paroissiens. Le chemin suivi par les fidèles lors de la cérémonie est préalablement décoré avec des guirlandes, des drapeaux ou encore des fleurs. Lors de la procession, le cortège des paroissiens se met en marche, après avoir célébré une messe à l’église au cours de laquelle l’hostie est bénie. Cette dernière est présentée dans un ostensoir, protégé par un dais. Les paroissiens partent alors de l’église ou d’un autre lieu sacré pour se diriger vers la chapelle qui sert de reposoir pour cette occasion particulière. 

Ces processions ont lieu lors de grands temps du calendrier liturgique catholique, comme lors des Rogations ou de la Fête-Dieu. Cette dernière, aussi appelée la Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, est l’une des plus importantes. Elle a lieu 60 jours après Pâques et elle commémore l’institution du sacrement de l’eucharistie.

Les processions commencent à devenir de plus en plus rares lors des années 1950 et 1960, surtout suite au déclin de la pratique du culte par les paroissiens.

La chapelle de procession de Saint-Pierre-de-l’Île-d’Orléans, construite avant 1850 et en pierre, se situe alors en bordure du chemin principal. En 1927, une représentation graphique de ce bâtiment a d’ailleurs été réalisée par Henry Ivan Neilson, qui est un ingénieur, peintre, graveur et professeur québécois reconnu. La chapelle est restaurée en 1953 et la statue d’une Madone en papier mâché y est ensuite placée. Cependant, le bâtiment est désacralisé à partir de 1968. En effet, cette chapelle est déménagée dans le nouveau cimetière de la paroisse, aménagé vers 1955, pour servir de charnier. C’est donc la seule chapelle de l’Île d’Orléans qui se retrouve à un tel emplacement.

Cette chapelle est encore en bon état, surtout grâce à la pierre qui a été utilisée pour sa construction car ce matériau est plus durable.

Chapelle de la Vierge

La chapelle de la Vierge de Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans se trouve à l’est de l’église. La paroisse de Saint-Laurent est la seule à avoir pu conserver ses deux chapelles de procession, situées toutes deux à égale distance de l’église. Cette chapelle en bois a été construite en 1717 sur l’ancienne terre de Jean Chabot, puis elle a été détruite et reconstruite en bois avec une toiture recouverte de tôle. Cependant, la date de reconstruction n’est pas sûre : nous pouvons trouver 1885 et 1889. De nos jours, la chapelle a été désacralisée pour être convertie en commerce.

Grâce à sa reconversion, elle reste en bon état malgré le toit dont le revêtement est abîmé. Le toit est de couleur rouge, mais l’usure a écaillé la peinture voire complètement effacé celle-ci à certains endroits.

Chapelle Sainte-Anne

La chapelle Sainte-Anne de la paroisse de Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans a été offerte par le chaloupier Louis Godbout et construite en 1859. Elle est située à l’ouest de l’église. Cette chapelle en remplace alors une autre, construite au XVIII ͤ siècle, qui était dans une stabilité architecturale précaire. Cette dernière se trouvait, à l’origine, sur la propriété de Lefrançois et elle a été bénite le 28 juillet 1734 par un missionnaire nommé Valois. La chapelle est faite en pierre de taille et elle est consacrée à rendre grâce à Sainte-Anne.

Cette chapelle est située au bord de la route, ce qui a pour conséquence d'accélérer son usure que nous pouvons particulièrement voir sur le perron de la porte dont le bois et la peinture sont très endommagés.

La chapelle de la paroisse Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans se situe à l’est de l’église, sur le Chemin royal. Elle a été construite en bois, et elle est surmontée d’un clocheton. À l’origine, il existait deux chapelles, une à l’est et une à l’ouest du village, toutes deux construites vers 1802. Cependant, il a été décidé en 1890, par le Conseil de la Fabrique, de démolir la chapelle située à l’ouest du village car elle n’était plus en bon état. La chapelle actuelle a été construite à 1885, comme nous pouvons le voir sur l’inscription au-dessus de la porte. Elle a été reconstruite en bois à l’endroit où se trouvait la chapelle originelle en pierre, et son architecture rappelle le style néoclassique. À l’époque, elle marquait la limite du village, qui aujourd’hui s’étend bien plus loin que celle-ci. De nos jours, la chapelle est une propriété privée.

La chapelle est donc faite de bois, ce qui la rend plus fragile aux dommages du temps. La peinture est bien écaillée à certains endroits, particulièrement sur le pas de la porte. Le clocheton est également quelque peu endommagé car il manque des tuiles, ce qui pourrait avoir des conséquences comme l’infiltration d’eau de pluie.

L’histoire de la chapelle de Saint-François-de-l’Île-d’Orléans est assez difficile à retracer. Il existait autrefois une chapelle de procession située à l’ouest de l’église, marquant ainsi l’entrée du village. Cependant, celle-ci a disparu pendant quelques décennies. Nous savons simplement que la première messe a eu lieu en 1736. La chapelle actuelle a été construite dans les années 1990 grâce à un propriétaire généreux de Saint-François-de-l’Île-d’Orléans. Cette chapelle a été construite en bois et elle est, à l’image de toutes les chapelles de procession, surmontée d’un clocheton. De plus, elle est le seul bâtiment religieux à se trouver isolé du village.

La chapelle n’est pas située directement sur le bord de la route, la bordure d’herbe qui la sépare de la route la protège indirectement. De plus, elle est relativement récente comparé aux autres chapelles, donc les effets du temps ne sont pas encore trop visibles.

La chapelle de procession de la paroisse de Sainte-Famille-de-l’Île-d’Orléans a été construite en pierre dans la première moitié du XIXe siècle. Elle se situe à l’entrée ouest du village. Comme dans la plupart des paroisses de l’Île d’Orléans, il existait à l’origine deux chapelles, une consacrée à Saint-Thècle et une consacrée au Sacré Cœur puis à la Vierge à partir du 7 janvier 1869. Des travaux de restauration sont entrepris sur la recommandation de l’archevêque de Québec Elzéar-Alexandre Taschereau (1820-1898) dès 1874 dans la chapelle de l’ouest. Celle de l’est sera simplement démolie en 1890, alors en piteux état.

La chapelle accueille vers 1950 un tabernacle sculpté en 1767 qui aurait été réalisé par Gabriel Gosselin (1690-1769). Ce tabernacle se trouvait dans une des chapelles latérales de l’église de Sainte-Famille, où il était conservé dans la sacristie depuis 1791.

Cette chapelle en pierre crépie comporte une nef de plan pratiquement carrée terminée par une abside en hémicycle. Elle est surmontée d’un clocheton, couronnant le toit aigu à deux versants droits. La ressemblance entre son architecture et d’autres chapelles semblables au Québec permet d’estimer que sa date de construction remonte avant 1840.

La chapelle de procession de Sainte-Famille a été classée immeuble patrimonial le 16 décembre 1981. Le fait qu’elle soit classée permet de mieux la conserver puisqu’il y a davantage d’attention qui lui est portée. Cela explique sans doute qu’elle soit dans un meilleur état. Elle reste donc bien conservée et elle ne porte pas de traces de dégradation apparente.

Le déclin de la pratique du culte, pour de nombreux paroissiens, a progressivement laissé les chapelles à l’abandon, particulièrement depuis les années 1950 et 1960. Le manque d’intérêt des fidèles pour ces lieux n'encourage pas les paroisses à prendre soin de façon régulière des chapelles, qui se détériorent rapidement. Certains éléments peuvent mener à une dégradation plus rapide de ces bâtiments. Par exemple, l’épandage de sable et de calcium pendant la saison hivernale, dans le but de dégivrer la route, peut abîmer le bas des portes. Les chapelles sont parfois la propriété d’une entité privée. Autrement, chaque paroisse doit s’occuper de l’entretien de sa chapelle.

Le cas de la chapelle de la Vierge à Saint-Laurent est un bon exemple de reconversion, afin d’éviter aux chapelles d’être détruites. Cette dernière, maintenant propriété privée, a été désacralisée pour laisser place à un commerce.

Réalisation de l'exposition: Sarah Dubois et Margot Genty

Photographies: Pierre Lahoud

Vidéo: Étienne Paradis-Campeau et Roza Paulik

Remerciement: Laurier Turgeon