Saint-François

    église de Saint-François
    église de Saint-François

Historique

Dédiée à Saint-François de Sales et désignée en l’honneur du seigneur François Berthelot, la paroisse de Saint-François ouvre ses registres en 1679. Après la construction d’une première, suivie d’une deuxième en 1707, une troisième église voit le jour dans le village – plus ou moins définitive puisqu’elle subit les affres d’un incendie majeur en 1988. Au rythme des besoins et après les dégâts essuyés par l’église après la Guerre de Conquête, le bâtiment s’élargit : après avoir remplacé le clocher en 1864, François Gosselin prolonge le toit et la sacristie s’agrandit en fonction des plans de l’architecte David Ouellet.   

 

Parachevé en 1739, l’intérieur du bâtiment religieux (avant 1988) est exécuté par plusieurs maîtres. Incontestable chef-d’œuvre mêlant les valeurs stylistiques caractéristiques du baroque, du rococo et du néoclassicisme, l’église de Saint-François attire l’attention des sculpteurs ornementistes.

 

Au fil des époques, les artistes se succèdent et se complètent; les frères Levasseur fabriquent le tabernacle du maître-autel d’inspiration baroque en 1770, alors que Louis-Xavier Leprohon verse dans le courant stylistique du néoclassicisme pour la création du tombeau. François Baillargé peint le tableau de « Saint-François de Sale » et Thomas, son fils, conçoit le programme décoratif du cœur mené entre 1840 et 1843 par le sculpteur André Paquet (Michel Lessard, 1998 : p. 256).

 

Au XXe siècle, des travaux dirigés par Gérard Morisset, célèbre historien de l’art ayant réalisé des inventaires et publié des ouvrages sur l’île d’Orléans, permettent à l’église de retrouver son revêtement initial après que les lambris de bois de la façade aient été retirés (RPCQ, « Église de Saint-François », en ligne).

 

Outre l’église, la paroisse de Saint-François comporte un ancien presbytère et une école de fabrique érigée vers 1830. Jugée comme l’une des plus anciennes écoles du Québec, elle atteste d’un pan important de l’histoire de l’éducation. S’insérant dans une tradition institutionnelle ayant marqué l’espace rural québécois de 1829 à 1934, l’école de fabrique de Saint-François fait partie de l’arrondissement historique et patrimonial de l’île d’Orléans (RPCQ, « École de fabrique de Saint-François », en ligne).

Lumière sur : un incendie devastateur

À partir des années 1950, l’église profite du travail minutieux des restaurateurs, autant pour sa structure que pour les biens mobiliers qu’elle renferme. Les deux anciens tabernacles et le maître-autel confectionnés par les François-Noël et Jean-Baptiste Levasseur entre 1770 et 1773 sont réintégrés au décor (Michel Levasseur, 1998 : p.254). Malencontreusement, un sinistre un majeur réduit à néant les efforts de conservation et de mise en valeur du lieu.

 

La nuit du 1er juin 1988 reste une tragédie dans l’histoire du patrimoine religieux. Après avoir frappé intentionnellement la façade de l’église, un couple d’automobilistes perd la vie et entraîne dans sa chute un monument historique remarquable. Sous l’impact, un incendie s’allume et embrase les pilastres, les boiseries, jusqu’à s’attaquer au mur et au toit. Au lendemain de cette tragédie, le bâtiment, classé immeuble patrimonial en 1957, n’est plus que ruines fumantes. Seul le carré de maçonnerie évoque l’ancienne présence d’une église monumentale.   

Carré de maçonnerie après incendie
© Henri-Paul Thibault

 

Malgré cette immense perte, on peut toutefois se rabattre sur l’incroyable découverte mise au grand jour par les flammes de l’incendie. Avant de reconstruire l’église, des fouilles archéologiques et des relevés architecturaux sont nécessaires. C’est lors de cette étape que l’architecte Roger Picard remarque la présence d’un graffiti situé dans l’embrasure d’une porte latérale. Le 29 septembre 1988, une des seules preuves de la présence britannique sur l’île est révélée, un véritable trésor archéologique et historique. Les récits et les archives stipulent que les troupes anglaises, après avoir mis pied à terre à la pointe est de l’île, auraient transformé l’église en hôpital.

 

La marque laissée par le second artilleur du Neptune, David Chapman, confirme cette présence ennemie sur le territoire : « David Chapman August 26th 1759 Belonging to her Majestys Ship Neptune ». L’inscription ne permet pas de savoir si l’homme était seulement de passage en tant que visiteur ou s’il figurait parmi les blessés.  Quoi qu’il en soit, cette découverte majeure éclaire certains évènements de la Guerre de Conquête (RCPQ, « Église de Saint-François », en ligne. Un graffiti de 1759 : un nom, une date, un navire!. Québec, Éditions Continuité, s.d. 4 p.).

 

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Qu'en est-il aujourd'hui?

Intrérieur nouvelle église de Saint-François © Henri-Paul Thibault

Après le terrible incendie ayant ravagé la quasi-totalité du lieu en 1988, des travaux de reconstruction sont entrepris presque quatre ans plus tard en raison d’un long processus décisionnel; la décision finale veut finalement que l’église soit reconstruite par analogie au modèle de 1734.

Fidèle aux limites qu’imposent le carré de maçonnerie qui subsiste après l’incendie, la firme Nova Construction entreprend de consolider les parties de murs demeurées intactes, seule la sacristie n’est pas reconstruite. L’apparence extérieure du bâtiment emprunte le modèle architectural dominant au XVIIIe siècle. La simplicité des murs intérieurs rappelle l’état des églises avant leur embellissement par des maîtres-doreurs, des sculpteurs et des peintres (Brochure patrimoine religieux de l’île d’Orléans, 2013)

droite

L’incendie, comme il a été mentionné précédemment, aura cependant été « utile » pour les archéologues et la communauté scientifique. Une fois l’analyse et la restauration du fragment de mur achevées par le centre de Conservation du Québec, le graffiti retourne au cœur de son lieu d’origine. Précieusement gardé par une boîte vitrée à température contrôlée, l’artefact attire de nombreux visiteurs, curieux de lire et d’admirer ce témoignage écrit datant de la Conquête. Ce vestige n’est pas seulement une pierre, c’est aussi l’histoire d’un être sensible qui transcende la matière.   

Graffiti de Saint-François Benoit Vaillancourt, 2017 © Fabrique de la paroisse Sainte-Trinité-d'Orléans

Références

LÉGARÉ, Denyse et Paul LABRECQUE. Le patrimoine religieux. L’île d’Orléans, fertile en coups de cœur [brochure touristique], Île d’Orléans, 2010, 23 p.

LESSARD, Michel. L’île d’Orléans. Aux sources du peuple québécois et de l’Amérique française, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 1998, 418 p.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. « École de fabrique de Saint-François » [En ligne]. http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=92871&type=bien#.XNG0gqaQhPM

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. « Église de Saint-François » [En ligne]. http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=92870&type=bien#.XNG0c6aQhPM

S.D. Un graffiti de 1759 : un nom, une date, un navire!, Québec, Éditions Continuité, 4 p.

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