Saint-Jean

    église de Sain-Jean Vue éloignée église Saint-jean
    église de Sain-Jean Vue éloignée église Saint-jean

Historique

Fondée en 1678, l’ouverture des registres se produit l’année suivante, à l’instar de la paroisse de Saint-Laurent, Saint-Pierre et Saint-François. Certains prétendent que la mission de Saint-Jean aurait été nommée en souvenir du grand sénéchal de la Nouvelle-France abattu par les Iroquois, Jean de Lauson. D’autres, comme Raymond Létourneau, soutiennent que le patronyme aurait été choisi en l’honneur de Saint-Jean Baptiste, saint patron de l’évêque Saint-Vallier (Brochure Patrimoine religieux de l’île d’Orléans, 2013 : p. 10. Raymond Létourneau, Un visage de l’île d’Orléans : Saint-Jean, 1979 : p. 14). Bien que les experts ne s’entendent pas à l’unanimité sur la provenance de l’appellation « Saint-Laurent », il semble que l’explication « religieuse » l’emporte sur la petite histoire.

 

Pour substituer à la petite chapelle en bois, une église en pierre est érigée entre 1734 et 1737. Le complexe architectural comporte les éléments caractéristiques d’une église; une nef, un chœur et une sacristie divisée par une cloison. Confrontés aux mêmes problèmes soulevés par la hausse démographique de l’île, les paroissiens signent une pétition en 1852 pour attirer l’attention de l’évêque sur l’urgence d’agrandir et de restaurer le lieu de culte. Suite à une réponse favorable cette même année, l’espace occupé par l’église prend de l’ampleur et la façade est exécutée. Les dimensions de 1852 sont restées identiques à celles d’aujourd’hui.

 

 

Dans la première séquence de travaux, on remarque la participation du sculpteur Jean Baillargé (1726-1805) dans l’aménagement et la réalisation du décor intérieur de l’église. Seulement quelques éléments de l’ensemble de son œuvre subsistent, les retables latéraux par exemple, alors que deux tableaux accordés à François Baillargé, supposément accrochés au-dessus de l’autel, sont maintenant disparus. Clairement, l’évolution des intérieurs d’église, spécialement alimentée par les besoins liés à leur dégradation, entraîne la production, la restauration et l’effacement de certains aspects décoratifs.

 

Dans la deuxième séquence de transformation suivant l’intervalle 1810-1812, la marque de l’atelier des Écores est consolidée par le biais des interventions de Louis-Basile David que l’on peut certifier grâce aux livres de comptes et l’avis des experts. Le sculpteur assure la production de la chaire, du banc d’œuvre, des pilastres et l’entablement de la nef (RCPQ, « Église de Saint-Jean », en ligne), sans oublier un remarquable travail de dorure et de peinture (Raymond Létourneau, p.84). En 1831, le sculpteur André Paquet effectue des modifications, comme la création d’un nouveau retable auquel il intègre des parties du retable précédent. 

 

En passant par la confection de nouveaux autels jusqu’aux nombreuses donations permettant l’acquisition d’œuvres artistiques telles que les tableaux du peintre d’Antoine Plamondon et des lampes de sanctuaires, l’église continue de se transformer. À cela s’ajoutent les travaux de restauration, dont ceux initiés par le curé Émond en 1951 (Raymond Létourneau, p. 98).

Lumière sur : le gisant de la sainte Concorde

Aussi étonnant que cela puisse paraître, une querelle de village semble être à l’origine de l’installation du corps de Sainte-Concorde dans l’autel latéral nord de l’église. Pas si surprenant finalement, vu l’intime imbrication du divin et du quotidien au XIXe siècle. En janvier 1877, les commissaires d’école de Saint-Jean estiment que les dimensions de l’école sont devenues trop restreintes pour accueillir les élèves de la paroisse. La construction d’une école adaptée aux besoins de la population devient un véritable enjeu et la source d’une dispute; le parti majoritaire, enclin à acheter la « Maison de pierre » située en bas de la côte, s’oppose au petit parti, favorable à poser les fondations de la future école en haut de la côte.

 

Même si le grand parti jouit du soutien du curé André Pelletier et d’une majorité de paroissiens, le dénouement de ce dossier favorise l’idée du petit parti, appuyé par le surintendant de l’Instruction publique. Pour souligner la fin d’une querelle s’échelonnant sur quatre années consécutives et nécessitant l’intervention des plus hauts tribunaux de la province, une fête de la réconciliation est célébrée le 23 octobre 1881. Acte symbolique évoquant le retour de la paix au sein du village, le corps de Sainte-Concorde, représenté par une statue dignement vêtue, est placé dans le tombeau de l’autel de la Sainte Vierge.

 

La provenance du nom de Sainte-Concorde évoque l’union des cœurs et exhorte l’harmonie au sein d’une communauté. Gouvernante au service d’un certain Hippolyte, lui-même converti par le diacre Saint-Laurent au catholicisme, la femme s’éteint sous la violence du fouet. Suivant la logique de la tradition catholique, le culte dédié à Sainte Concorde prend naissance suite aux persécutions qu’elle subit le 13 août 258.

 

Les visiteurs désireux d’observer la statue de la sainte peuvent encore le faire puisqu’elle repose toujours dans le tombeau de l’autel situé dans la partie gauche du transept de l’église. Selon Raymond Létourneau, auteur de plusieurs ouvrages portant sur l’île d’Orléans, cette dévotion, matérialisée sous les traits de la sainte, captive les visiteurs (Raymond Létourneau, Un visage de l’île d’Orléans : Saint-Jean, 1979 : p. 93-94).

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Classée bien patrimoniale en 1957, on reconnaît la valeur de l’église de Saint-Jean pour plusieurs caractéristiques architecturales et artistiques. La double représentation des traditions stylistiques des célèbres ateliers de sculpture du XIXe siècle, la façade d’inspiration néoclassique, les dorures et la chaire finement travaillée expriment la richesse artistique et historique de ce bâtiment.

 

Même si l’église attire seulement quelques fidèles, elle continue de jouer un rôle prépondérant dans la paroisse historique en s’illustrant comme un repère visuel et un monument central du noyau villageois.

Références

LÉGARÉ, Denyse et Paul LABRECQUE. Le patrimoine religieux. L’île d’Orléans, fertile en coups de cœur [brochure touristique], Île d’Orléans, 2010, 23 p.

LÉTOURNEAU, Raymond et al. Un visage de l’île d’Orléans : Saint-Jean, île d’Orléans, Corporation des Fêtes du tricentenaire de Saint-Jean, 1979, 436 p.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. « Église de Saint-Jean » [En ligne]. http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=92814&type=bien#.XNGzy6aQhPM

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