Saint-Laurent

    église de Saint-Laurent
    église de Saint-Laurent
gauche

Historique

Vue aérienne église Saint-Laurent © Pierre Lahoud

L’ouverture des registres de la paroisse s’effectue en 1679, un an après l’érection de la paroisse par Monseigneur de Laval. Autrefois surnommée « paroisse de Saint-Paul », le seigneur Michel François Bertholot soumet au roi Louis XIV une requête; il souhaite que la nouvelle paroisse adopte le nom de son comté. Ainsi, la paroisse de Saint-Paul devient celle de Saint-Laurent et les reliques doivent être remises aux paroissiens de Saint-Pierre. Mais là ne s’arrêtent pas les interventions du seigneur.

 

D’abord gratifiés d’une petite chapelle en bois, les paroissiens assistent à l’érection d’une église en pierre à la fin du XVII siècle. En vertu d’un acte de donation du seigneur Bertholot établi en 1697, la paroisse peut ensuite entreprendre des démarches pour la construction de son église. Inquiet des dégâts que peuvent causer la réhabilitation de l’église en quartier général pour les troupes britanniques, le curé François Martel entend bien préserver le lieu de culte et offrir un accueil courtois au général :

 

J’aurais souhaité que vous fussiez arrivés plus tôt, afin de pouvoir goûter les légumes, tels que asperges, raves etc. … que produit mon jardin et qui maintenant sont montés à graines.

 

 En dépit des efforts couronnés de succès du curé monsieur Martel, l’église doit être remplacée pour une plus spacieuse (André Gaulin et Norbert Latulippe, L’île d’Orléans microcosme du Québec, 1984 : p.22).  

 

Ainsi, l’origine de l’église actuelle prend sa source au milieu du XIXe siècle. Achevée et bénie en 1860-1861, cette œuvre architecturale met à contribution des artisans locaux et d’ailleurs : François Gosselin, charpentier de Saint-Laurent de l’île d’Orléans et d’autres entrepreneurs, dont Antoine Pampalon, un maçon de Lévis et Charles Baillargé, concepteur et dessinateur des plans de l’église. On retrouve en ces lieux quelques pièces d’orfèvrerie ouvragées par des personnages de renoms : un calice de François Renvoyzé (1798), des chandeliers et un encensoir associés à Laurent Amyot (1817).   

 

Quoique l’église renferme de multiples objets d’art, il ne faut pas occulter les trésors qu’on retrouve au cœur des bâtiments plus modestes. À titre d’exemple, le calvaire érigé sur les terres de Mathias Gosselin, en 1941, abrite des statues en bois datant du XVIIIe siècle, provenant de l’Hôtel-Dieu de Québec (Louise Gagné, Saint-Laurent en l’isle…souvenances 1679-1979, 1979 : 20). 

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Lumière sur : les chapelles de procession

Les chapelles de procession ne sont pas des lieux de divertissement pour les enfants qui voudraient s’improviser curé ou servant de messe entre le déjeuner et les corvées. Bien que cette affirmation ludique n’étonne personne, il ne faut pas croire que les chapelles se présentent comme un modèle réduit d’une église. Elles possèdent leurs propres dimensions, une organisation architecturale spécifique à leur fonction (Raymond Laberge, 1994 : p. 11). Autorisant la construction de chapelle de procession dès l’arrivée des premiers colons en Nouvelle-France, le haut clergé accepte de poursuivre une tradition liturgique catholique héritée de la France médiévale (RPCQ « Chapelle de procession de Sainte-Famille », en ligne).

 

Maintenues ouvertes par le sacristain pendant la douce saison, les chapelles deviennent des lieux de rassemblement à l’occasion des célébrations religieuses et des processions. Lors de la Fête-Dieu, célébrée soixante jours après Pâques, elles servent de reposoir et de lieu d’exposition pour l’ostensoir abritant l’hostie consacré, incarnation du saint Sacrement. La procession du saint Sacrement donne lieu à de véritables manifestations de la religion populaire dans toutes les paroisses de l’île d’Orléans. Lors du défilé religieux, les résidents sont invités à accrocher des banderoles et des fanions pour agrémenter le parcours et des fleurs et des bougies sont disposées sur l’autel des chapelles (Jacqueline Guimont, « L’histoire des chapelles », Autour de l’île, 2016, en ligne)

 

Cela dit, ces petites chapelles qui ponctuent le chemin principal s’illustrent également comme de lieu de recueillement quotidien pour les paroissiens et contribuent à la sacralisation du paysage québécois. Des neuf chapelles toujours en fonction à la fin du XIXe siècle, seulement cinq existent encore aujourd’hui et deux d’entre elles appartiennent au village de Saint-Laurent (Michel Lessard, 1998 : p.210).

 

Dans le cas des chapelles de Saint-Laurent, on pense que celles existantes aient été construites sur le même emplacement qu’occupaient les plus anciennes, datées de la fin du début du XVIIIe siècle. Les plus récentes sont issues du XIXe, dernier siècle où l’on peut encore espérer voir la construction de nouvelles chapelles de procession. La tradition veut qu’on associe le plus souvent à ces lieux de culte un saint patron. Par conséquent, la chapelle du haut de la paroisse, un cadeau du chaloupier Louis Goudbout en 1859, est dédiée à Sainte-Anne alors que la seconde, construite en 1889 au bas du village, est consacrée au culte de la Vierge Marie (Louise Gagné, Saint-Laurent en l’isle…souvenances 1679-1979, 1979 : p. 17).

Chapelle de procession Saint-Laurent © Pierre Lahoud

Qu'en est-il aujourd'hui?

Réputée pour sa traditionnelle production de fraise, la municipalité de Saint-Laurent devient terre d’accueil pour les travailleurs. Outre les cueilleurs du dimanche, bouches barbouillées et paniers d’osier à la main, plusieurs travailleurs agricoles immigrants sillonnent les champs pour récolter avec douceur et efficacité ce délicieux fruit rouge.

 

Hébergés sur les fermes familiales, les travailleurs guatémaltèques et mexicains deviennent des acteurs-clés dans la production de la fraise. Permettant de combler le manque de main-d’œuvre, leur présence revitalise aussi la communauté catholique de l’île. Depuis quelques années, des messes données en espagnol réunissent les immigrants au cœur de l’église de Saint-Laurent; une belle initiative témoignant de l’évolution de son caractère religieux.

Cueilleurs de fraises
© Pierre Lahoud

 

Références

GAGNÉ, Louise et al. Saint-Laurent en l’Isle... Souvenances, 1679-1979, île d’Orléans, Corporation des Fêtes du tricentenaire de Saint-Laurent, 1979, 205 p.

GAULIN, André et Norbert LATULIPPE. Île d’Orléans, microcosme du Québec, Québec, Association québécoise des professeurs de français, 1984, 137 p.

GUIMONT, Jacqueline. « L’histoire des chapelles », [En ligne]. http://autourdelile.com/2016/03/lhistoire-des-chapelles/

LESSARD, Michel. L’île d’Orléans. Aux sources du peuple québécois et de l’Amérique française, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 1998, 418 p.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. « Chapelle de procession de Sainte-Famille » [En ligne]. http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=92945&type=bien#.XNGx3aaQhPM

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