Saint-Pierre

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Historique

Ancienne église de Saint-Pierre © Pierre Lahoud

La paroisse de Saint-Pierre voit le jour en 1678 et assiste à l’ouverture officielle de ses registres en 1679. Avant la création de la paroisse, les habitants de Saint-Pierre pouvaient toutefois bénéficier des services des abbés Thomas Morel et Hugues Pommiers, munis d’une chapelle portative qu’ils trimbalaient de porte à porte. Une chapelle en bois permanente est ensuite bâtie en 1673 et remplacée par une église en 1717 plus spacieuse, contrecoup de la croissance démographique. Pendant 54 ans, Louis-Philippe Mariauchau d’Esgly (1710-1788) exerce la fonction de curé de la paroisse.

 

Figure marquante pour les paroissiens de l’île, il est aussi le premier évêque d’origine canadienne. Malgré les responsabilités qu’il doit assumer pour le diocèse de Québec, Monseigneur d’Eslgy entend rester à Saint-Pierre où il décède en 1788.

 

À l’image des curés qui se sont succédé, l’église de Saint-Pierre a elle aussi eu son lot de changements. Après la guerre de Conquête, le décor sculpté par Charles Vézina (1685-1755) entre 1731 et 1736 est restauré par Gabriel Gosselin (1690-1769). Une fois les travaux d’agrandissement du chœur de 1775 terminés, l’intérieur doit encore être remanié. L’embellissement et la confection de biens mobiliers effectués à la fin du XVIIIe siècle, comme l’amélioration du maître-autel, la réalisation des autels des chapelles latérales et de trois cadres sculptés sont attribués à Pierre Émond (1738-1808). Les cadres qu’il achève en 1800 mettent en valeur deux toiles du peintre sculpteur François Baillargé.

 

En ce sens, on peut souligner que la contribution des Baillargé ne se limite pas seulement à l’ornementation des murs puisque l’ensemble du nouveau décor de l’église, effectué par André Paquet dit Lavallée entre 1830 et 1840, est pensé par l’architecte Thomas Baillargé. Au XIX et au XXe siècles, d’autres modifications s’ajoutent à la longue liste; le clocher (1830) et la sacristie en bois (1900) sont remplacés.

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Lumière sur : un ancien système de chauffage

L’hiver québécois met en scène des décors pittoresques et donne lieu à l’épanouissement de coutumes tout à fait originales. Certains diront qu’il est toutefois plus difficile d’apprécier ces joies hivernales lorsque le vent vous fouette le visage et que le froid engourdi vos esprits. Qu’à cela ne tienne, les habitants de l’île se vêtissent en conséquence et troquent leur charrette pour le traineau : « Rien qu’à voir le galbe coquet de ces équipages, on peut s’imaginer les familles ou les cavaliers avec leurs amies, enveloppés de fourrures, une brique sous les pieds, un « poêle chinois » entre les mains, se promenant sur la neige au tintement des indispensables grelots ».

 

Cette description tirée de La vie traditionnelle à Saint-Pierre illustre une réalité qui se reflète dans l’architecture et l’organisation de l’espace. Lorsqu’on entre dans l’ancienne église de Saint-Pierre, on peut encore apercevoir un tuyau en tôle ouvragé qui se dresse au milieu de la nef, un élément qui appartenait au vieux système de chauffage aujourd’hui classé « objet patrimonial ».

 

Les bancs en bois ont aussi été construits de manière à ce que la chaleur se conserve : lorsque les fidèles prenaient place dans des bancs à porte, ils refermaient la porte pour préserver la chaleur procurée par les briques chaudes déposées à leurs pieds.

 

Malgré la bonne volonté du sacristain qui allumait les poêles à cinq heures du matin et les précautions des paroissiens pour se protéger du froid, « l’église était tellement grande qu’elle restait froide ». On peut supposer que les hommes, restés à l’arrière de l’église pour alimenter le poêle et chiquer leur tabac, avaient peut-être un moins froid.

Système de chauffage église de Saint-Pierre © Pierre Lahoud

Qu'en est-il aujourd'hui?

Plutôt inusité d’apercevoir deux églises se côtoyer à quelques mètres de distance l’une de l’autre. C’est pourtant le cas de Saint-Pierre qui assiste à l’édification d’une deuxième église et la désacralisation de son ancien lieu de culte en 1955. Parce qu’elle est considérée comme étant l’une des plus vieilles églises du Québec témoignant d’une tendance architecturale typique du Régime français, on comprend pourquoi elle obtient sa désignation patrimoniale. Classée en 1958 et acquise par le gouvernement en 1959, l’église profite de l’argent investi pour sa restauration. Si la nouvelle église continue d’ouvrir ses portes aux visiteurs et aux fidèles, l’ancienne n’est pas pour autant laissée au dépourvu.

 

Heureux seront les défenseurs du patrimoine de constater qu’il existe toujours une certaine propension à la protection des monuments historiques et surtout, une volonté de les garder vivants et accessibles. Depuis 1979, la Corporation des artisans de l’île d’Orléans occupe la sacristie de l’église historique. La pièce renferme un éventail de produits artisanaux reflétant le riche savoir-faire des artisans et artisanes de l’île d’Orléans : courtepointes, tapis tressés, foulards crochetés et pull tricotés, les différentes méthodes de fabrication artisanale sont représentées.

 

Bien que la transmission des connaissances ne soit plus nécessairement assurés par les communautés religieuses – détentrices d’un savoir artistique unique – on se doit de reconnaître la contribution des Sœurs de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame dans la tradition de la production artisanale orléanaise. Un beau clin d’œil à l’œuvre des communautés religieuses qu’est l’appropriation de la sacristie par la Corporation des artisans.  

Deux églises de Saint-Pierre
© Pierre Lahoud

 

Références

DAWSON, Nora. La vie traditionnelle à Saint-Pierre (île d’Orléans), Québec, Presses universitaires Laval, 1960, 190 p.

LESSARD, Michel. L’île d’Orléans. Aux sources du peuple québécois et de l’Amérique française, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 1998, 418 p.

NOPPEN, Luc et MORISSET Lucie K. Les églises du Québec : Un patrimoine à réinventer, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 2005, 434 p.

PELLETIER, Jean-Guy. « Mariauchau d’Esgly, Louis-Philippe », Dictionnaire bibliographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/fr/bio/mariauchau_d_esgly_louis_philippe_4F.html

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. « Ancienne église de Saint-Pierre » [En ligne]. http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=92675&type=bien#.XMiq06aQhPM

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