Sainte-Famille

    photo aérienne église de saint-famille Sainte-Famille hiver Cimetière Chapelle de procession
    photo aérienne église de saint-famille Sainte-Famille hiver Cimetière Chapelle de procession
droite

Historique

Première paroisse sur le territoire, Sainte-Famille est fondée en 1661 par Monseigneur François de Laval (1623-1708), un an avant qu’il devienne seigneur de l’île d’Orléans. D’abord désignée comme étant « la paroisse de l’île », elle adopte rapidement une nouvelle appellation. En raison de la grande dévotion de Monseigneur de Laval pour la sainte Famille de Nazareth, la paroisse emprunte le nom de « la Sainte-Famille-de l’île-d’Orléans » en 1679. 

 

Avant la construction de l’actuelle église de Sainte-Famille, une église en pierre est construite en 1669 sur l’arpent de terre octroyé par Monseigneur de Laval. Sous les auspices de monsieur François Lamy, premier curé de la paroisse officiellement établie en 1684, l’intérieur du bâtiment s’embellit progressivement. En effet, le curé Lamy endosse une part des coûts nécessaires à la fabrication de la sacristie et d’un clocher.

 

Malgré les réparations effectuées sur le bâtiment dans l’intervalle 1702-1734, le besoin d’ériger une nouvelle église a tôt fait de se manifester. D’ailleurs, le début du chantier a lieu en 1743, et l’église est ouverte au culte en 1747 alors qu’il reste encore des biens mobiliers et des détails architecturaux à compléter ou ajouter.   

Église Sainte-Famille hiver © Henri-Paul Thibault
gauche

Les artistes du divin

Intérieur église Sainte-Famille © Henri-Paul Thibault

Il semble que la végétation luxuriante de l’île d’Orléans reprend ses droits lorsqu’on jette un œil aux fioritures ornant l’église : les feuilles d’acanthe qui s’épanouissent dans le haut des colonnes au style corinthien et les fleurs qui tapissent la fausse voûte confèrent à l’église un décor d’une grande valeur artistique. La création d’un intérieur aussi majestueux et unique est attribuée à plusieurs artisans. Pourquoi se limiter à une seule influence stylistique lorsqu’on peut faire appel à l’expertise de deux grands ateliers de sculpture québécois?

 

Suite à de nombreux travaux de restauration effectués sur la structure externe de l’église, inévitables après les dégâts causés par la guerre de Conquête, des enjolivures et des biens mobiliers sont ensuite apportés intra-muros. L’esthétisme de la fausse voûte réalisée par Louis-Basile David en 1812 se rattache au style qui distingue l’atelier montréalais des Écores, dirigé par Louis-Amable Quévillon. On reconnaît aisément la facture de Quévillon par les multiples caissons losanges qui couvrent le plafond du chœur et dans lesquels s’insèrent des motifs floraux.

 

D’un autre côté, le modèle adopté pour les chapelles latérales et le retable du chœur s’insère dans la tradition sculpturale développée par la famille Baillargé; un style qui renvoie à un « vocabulaire classique » où les éléments sont pensés selon une organisation hiérarchique. Par ailleurs, Thomas Baillargé aurait lui-même sculpté le retable, fait plutôt exceptionnel.

 

Pour en savoir plus sur les œuvres datant du Régime français, comme le tableau de l’artiste récollet Claude François (aussi appelé frère Luc), ou d’autres éléments qui composent le décor mural de l’église, n’hésitez pas à consulter notre inventaire.

no_image

Lumière sur : la Congrégation de Notre-Dame

Impossible de faire le récit de l’histoire religieuse de Sainte-Famille, aussi bref soit-il, sans se pencher sur l’apport des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame dans la communauté orléanaise.

 

C’est à un personnage marquant, monsieur le curé François Lamy, que les insulaires doivent l’arrivée des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame et l’établissement d’un couvent sur le territoire. En 1685, le curé Lamy sollicite l’aide du nouvel évêque de Québec, Monseigneur Saint-Vallier, en lui intimant d’entreprendre des démarches auprès de l’œuvre. Réceptif à ses demandes, l’évêque entre en contact avec la fondatrice de la congrégation, Marguerite Bourgeoys, qui accepte d’envoyer les sœurs Marie Barbier et Anne Meyrand, toutes deux investies d’une mission : poursuivre la vocation de l’œuvre par l’instruction des jeunes filles.

 

Les sœurs occupent la nouvelle école de jeunes filles jusqu’en 1701 avant de s’établir dans une « demeure plus confortable ». Le nouveau couvent en pierre, dont les premiers travaux de construction débutent en 1699, devient un lieu d’apprentissage et un foyer d’accueil pour plusieurs pensionnaires. Grâce aux terres annexées au couvent, les religieuses réussissent à vivre en quasi autarcie : légumes racines, produits laitiers, bétail et bois de chauffage permettent aux religieuses d’offrir aux pensionnaires une éducation à faible coût. Les grands jardins deviennent non seulement terres nourricières, mais aussi lieux d’excursion pour les jeunes filles à qui on enseigne la botanique et la science.

 

La contribution des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame semble être perçue positivement par la communauté. La description du couvent fournie par l’historien Louis-Philippe Turcotte dans l’ouvrage qu’il publie en 1867 atteste de son importance.

 

C’est en 1685 qu’eut lieu la fondation du couvent de la Ste Famille, belle institution qui depuis près de deux siècles a rendu les plus grands services aux habitants de l’île d’Orléans.

Louis-Philippe Turcotte, Histoire de Québec, 1867

 

Le XXe siècle annonce une tournure inattendue pour l’ancien couvent, mais également le début d’une nouvelle orientation. Le 6 avril 1941, un incendie impitoyable ravage le couvent. Au lendemain de l’incident, on constate avec regret la disparition d’un lieu d’histoire vivante et de mémoire. On doit souligner la persévérance de Sœurs de la congrégation puisque peu de temps après le sinistre, une nouvelle institution voit le jour : l’école ménagère moyenne pour les jeunes filles.

 

gauche

Qu'en-est-il aujourd'hui?

Chapelle de procession

Classée immeuble patrimonial en 1980, l’aspect de l’église continue d’évoluer. À l’été 2018, les statues de la Sainte-Famille qui ornaient autrefois la façade de l’église ont été retirées. Dépossédées de leurs ornements, les niches sont maintenant vides et attendent qu’une décision soit prise concernant leur avenir, un dossier à suivre dans les prochaines années.

 

Quoi qu’il en soit, grâce au parc des Ancêtres, à la Maison Drouin et aux visites guidées offertes par des bénévoles désireux de mettre en valeur l’église, le principal noyau d’activité de la municipalité de Sainte-Famille semble encore graviter autour de bâtiments religieux réinvestis d’une nouvelle vocation ou gardiens d’une tradition. 

 

La petite chapelle de procession continue d’accueillir les visiteurs, l’ancien couvent poursuit sa mission en instruisant les élèves du primaire de Sainte-Famille, et l’église se dresse fièrement en dominant le paysage par ses trois clochers.

 

Références

BONENFANT, J.-C. « Turcotte, Louis-Philippe », Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/fr/bio/turcotte_louis_philippe_10F.html

LÉTOURNEAU, Raymond. Sainte-Famille, l’ainée de l’île d’Orléans, Sainte-Famille, 1984, 688 p.

Répertoire du patrimoine culturel de Québec. « Église de Sainte-Famille » [En ligne]. http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=92940&type=bien#.XMij06aQhPM

TURCOTTE, Louis-Philippe. Histoire de l’île d’Orléans, Québec, Atelier typographique du Canadien, 1867, 164 p.

ULavalPôle culturel du monastère des UrsulinesÉglises Catholiques de QuébecFondation François Lamyentente de développementLogo QuébecIPACLogo LeemCRSH