Sacré-Coeur
Origine du coeur comme symbole
Ayant été introduit par l’apôtre Saint-Jean, le Sacré-Cœur est un symbole de l’amour divin majoritairement utilisé dans les dévotions au Sacré-Cœur. Il fait référence au cœur de Jésus, qui serait rempli d’un amour inconditionnel pour tous les chrétiens. Alors que la plupart des écrits avant le Xe siècle s’attardent à la vision du Christ sur la croix, et à la blessure qui lui a été infligée au côté par la lance de Longin, on perçoit un changement dans les siècles suivants. On va désormais plus loin que cette fameuse blessure, et on parle du cœur de chair de Jésus qui aurait été lui aussi transpercé par la même occasion. Puis, le cœur devient un symbole à part entière, au même titre que la croix et la couronne d’épines. Les dévots souhaitent se rapprocher de cette icône qui représente l’amour divin du Christ, et par association, de Dieu. Certaines communautés pratiqueront une dévotion au Sacré-Cœur à l’intérieur de leurs monastères, tels les Chartreux au XVe siècle, mais ces rituels sont encore largement inconnus du public.
Ce sera grâce à la sainte Marguerite-Marie Alacoque, et à sa vision de 1675, que la dévotion au Sacré-Cœur se répandra véritablement parmi les croyants. Cette dernière est témoin d’une apparition du Christ, qui lui demande d’instaurer une fête pour honorer Son Cœur et communier dans l’amour. Cet évènement prendrait place trois semaines après la Pentecôte. Il faudra toutefois attendre 1765 pour que la célébration soit introduite de façon officielle par Clément XIII. De plus, ce ne sera réellement que sous Pie IX que le Sacré-Coeur s’affirmera dans l’iconographie chrétienne. Dès 1830, il émerge comme symbole central dans la religion catholique. Célébrée sous forme de procession ou bien de messes honorifiques, la fête du Sacré-Cœur aide à populariser son image. Il est aujourd’hui utilisé dans la dévotion à divers saints, représentant l’amour de ces derniers pour le Christ.
Iconographie du coeur
Dans l’iconographie, le cœur est représenté sous sa forme géométrique et sous sa forme organique, première forme de représentation du symbole. Le cœur est souvent dépeint en jonction avec une couronne d’épines et une croix, ces derniers symbolisant la crucifixion. Le feu qui entoure le cœur illustre quant à lui la puissance miraculeuse de l’amour divin.
Sainte-Philomène
Qui est-elle ?
Fille d’un roi de Grèce, elle était connue pour sa beauté et sa vertu, résultat de son éducation catholique. Lorsque la Grèce tombe aux mains des Romains, l’empereur Dioclétien veut en faire sa femme. Suivant ses convictions religieuses, Philomène refuse et est torturée à mort. L’étude de ses ossements détermina qu’elle avait environ 12 ans lors de son décès. Ses restes furent déposés dans les catacombes romaines. Sa tombe contenait différents symboles l’identifiant comme une martyre, notamment une fiole de sang séchée retrouvée avec son corps, une ancre ornant le tombeau, signe de martyre et d’espérance, une palme, symbole du triomphe des martyrs, ainsi qu’un lys, symbole d’innocence.
Les restes de la jeune fille sont retrouvés en 1802 dans la catacombe de Priscille à Rome. Ceux-ci sont transportés à Mugnano où le récit de la martyre est rédigé. Suite à de multiples miracles obtenus par son intersection, Philomène est faite Sainte par le pape Grégoire XVI vers le milieu du 19e siècle. La guérison miraculeuse qui a principalement participé à la création du culte entourant Sainte-Philomène est celle de Pauline Jaricot, une Lyonnaise atteinte d’une maladie du cœur. Cette dernière est la fondatrice de plusieurs œuvres caritatives chrétiennes, dont le Rosaire-Vivant et la Propagation de la Foi. Lors de son arrivée en Italie, sa réputation était telle que le pape Grégoire XVI se déplace pour l’accueillir. La malade demande alors au pontife d’examiner le statut de la jeune Philomène comme possible sainte si, après son pèlerinage à la tombe, Pauline Jaricot réussit par la suite à se rendre au Vatican à pied. Lorsque celle-ci se retrouve effectivement guérie en rentrant de sa visite à Mugnano, le pape n’hésite pas un instant et canonise Sainte-Philomène en 1837. Son culte se répand alors rapidement.
Culte à Sainte-Philomène
Connue comme faiseuse de miracles, sa dévotion amène la guérison des fidèles, mais les protège aussi contre la mort subite et les mauvais esprits. En plus de prières rédigées à son effigie, de nombreuses neuvaines (dévotions privées faites à un saint sur une période de neuf jours) se mettent en place. Dans celle-ci, on fait allusion à l’importance du cœur pour Sainte-Philomène qui résista à Dioclétien par l’amour qu’elle portait au Christ.

Utilisation des cœurs de dévotion dans ce culte

Le culte à Sainte-Philomène est introduit à Sainte-Pétronille en 1875 par Charles-Henri Paquet, curé de la paroisse qui lors d’un voyage à Mugnano est charmé par la petite sainte. Des gens de toute la province se déplacent pour venir rendre grâce à celle-ci et ce culte permet d’inscrire Sainte-Pétronille sur la carte du Québec.
Pour demander les intercessions de la petite sainte, les pèlerins rédigent des lettres qu’ils placent dans des cœurs en vermeil. Ces cœurs correspondent iconographiquement à des cœurs de Jésus et donc au culte du Sacré-Cœur. Bien qu’aucune source n’explique clairement l’utilisation des coeurs dans cette pratique, ils représentent dans beaucoup de cultes l’amour d’un saint pour le Christ.
Aux alentours de 1880 on retrouve dans l’église de multiples représentations de la Sainte, incluant une statue de cire et autres iconographies marquantes. Néanmoins, la plupart de celles-ci disparaissent lorsqu’en 1961 la Sainte est désavouée, faute de preuve de sa véritable existence. Bien qu’elle disparaisse du calendrier liturgique, la célébration privée de la Sainte est toujours autorisée par le Vatican. Aujourd’hui, il ne reste dans l’église que les cœurs de dévotions et les lettres qu’ils contiennent pour illustrer le culte important qui entourait la Sainte à la fin du 19e siècle.
Processions du Sacré-Coeur à l'Île d'Orléans
Les dévotions associées au Sacré-Cœur ayant pris place sur l'Île d'Orléans au courant du 19e et 20e siècle ont aidé à créer le Québec d’aujourd’hui, une province possédant un riche patrimoine religieux.
Procession
Une procession est un cortège religieux qui se déplace d’un endroit sacré à un autre en rendant grâce à Dieu et/ou à un Saint. Très populaire moyen de dévotion durant les grandes fêtes liturgiques, la procession renvoie au pèlerinage que les Québécois entament dès la fin du 19e siècle entre l’église de Sainte-Pétronille, la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré et le sanctuaire de Notre-Dame-de-Lourdes. La procession du Sacré-Cœur en particulier était célébrée tous les ans en juin, le vendredi suivant la Fête-Dieu.

Chape
La chape est un long manteau porté par le prêtre. Elle est uniquement utilisée lors de certaines activités religieuses en dehors de l’église, par exemple lors de processions. Appartenant à la sphère du sacré, il est fabriqué à partir de matériaux nobles (soie, taffetas, velours…). Cette chape était utilisée lors de la procession au Sacré-Cœur et sa teinte dorée, couleur la plus solennelle selon l’Église, représente l’importance accordée à cette procession. L’intérieur rouge du vêtement symbolise le sang versé par le Christ, renvoyant directement au Sacré-Cœur. La chape est également ornée d’une broderie représentant Jésus et le Sacré-Cœur, consolidant le lien entre ce vêtement particulier et la procession dans laquelle il est utilisé.
Dais de procession
Les dais sont généralement utilisés pour abriter le Saint Sacrement (l’hostie), les saintes huiles du jeudi saint, des reliques, des statues de saints ou encore des hauts dignitaires de l’Église lors de processions religieuses. Le dais de procession qui est présenté ici est orné d’un double symbole du Cœur de Jésus. Il était utilisé lors de la procession au Sacré-Cœur, célébrée lors du troisième vendredi après la Pentecôte et commémorant la Miséricorde Divine, soit le pardon et l’indulgence accordés par Dieu aux humains.
Le cœur est utilisé dans plusieurs aspects de la religion catholique, et ce, depuis plusieurs siècles. Les dévotions qui lui sont associées, comme celle du Sacré-Cœur ou celle de Sainte-Philomène, ont réellement aidé à créer le Québec d’aujourd’hui, une province possédant un riche patrimoine religieux.
Lettres de dévotion
La bande sonore que vous entendez présente les lettres originelles rédigées à l'intention de Sainte-Philomène par les pèlerins de Sainte-Pétronille, au 19e siècle. Cette exposition sonore a été réalisée dans le cadre de l’université d’été patrimoine et nouvelles technologies en mai 2019. Ce projet avait pour but d'assurer la conservation de ces lettres, endommagées par les années.


Crédits :
Réalisation exposition: Flavie Rioux-Maldague
Estelle Nicolas
Exposition sonore : Étienne Gagnon
Olivier Pilette
Flavie Rioux-Maldague
Estelle Nicolas
Remerciements spéciaux à : Laurier Turgeon
Yves-André Beaulé
Claire Beaulé
Florence Gagnon-Brouillette
Camille Fortin-Dupuis